“Encore une fois je me suis dit : “Je ne sais pas faire ? Eh bien, je vais apprendre !”
Alumni |INSEEC
Programme | International Business Management
Obtention | 2012
Ville de résidence | Montréal
Ce qui te faisait avancer étudiant, et encore aujourd’hui ?
La curiosité ! On dit souvent que c’est un vilain défaut, mais c’est un trait que je cultive énormément, surtout car je l’entends comme une marque d’intérêt pour tous ceux qui me donnent envie de m’impliquer et d’apprendre. Je dois admettre que ma tendance à poser des tas de questions a déjà pu déstabiliser certains professeurs ou recruteurs, mais j’ai besoin de creuser – et cela m’a toujours servie !
Parce que délimiter un plan de carrière n’a jamais été son fort, Coline s’est plus d’une fois confrontée aux probabilités afin de leur donner tort. Il aura déjà fallu une licence en écogestion entamée sans conviction pour que l’étudiante, qui se voyait simplement comme « la fille au quatrième rang », renverse les attentes et les carcans : « Lorsque la fac a fermé à cause des manifestations anti CPE, je me suis dit que l’univers m’envoyait un message ! » Une fin d’année à trier ses options, puis un BTS en négociation et relation clients décroché en tant que major, et par voie d’alternance, lui confirment cette envie d’aller littéralement plus loin : « J’ai fait une année de césure comme fille au pair en Australie quand j’avais vingt ans ! Je savais que l’anglais me faisait défaut pour tenter les grandes écoles, et puisque j’avais déjà été refusée deux fois… j’ai décidé de me donner les moyens de maîtriser enfin cette langue ! » De Sydney à Melbourne en suivant la Great Ocean Road, Coline put vérifier sa propension à l’initiative, en immersion à l’étranger, juste avant que la cité aux deux fleuves n’accueille celle qui navigue toujours entre deux eaux. Ayant effectué un premier stage en terres d’érables, qui lui légua des expressions perméables – « je ne dis pas “ j’ai été diplômée ” mais “ j’ai gradué ” ! » –, elle quitta sa région grenobloise pour rallier l’INSEEC Lyon. Là-bas eurent lieu ces rencontres avec des professeurs émérites, avocat au barreau de New York ou cadre chez L’Oréal, ainsi qu’avec celui qui deviendra le père de son enfant, puis son mari.
Et parmi toutes les démarches dans lesquelles la jeune active s’est ensuite portée volontaire – bénévole au conseil d’administration d’un théâtre et d’une chambre de commerce, accompagnante de pionnières voulant se réorienter dans la tech –, Coline n’oublie pas que l’école fut déjà le réceptacle de plus d’une énergie. Outre son implication dans les salons étudiants, et au secrétariat général du BDE, outre les liens qu’elle conserve avec ses camarades de promotion – « ce sont des liens hyper forts ; j’aurai toujours ces souvenirs de fous rires quand on ventilait sur nos stages ! » –, Coline ne manque pas de s’investir et de remplir son rôle d’ambassadrice à chaque fois : « C’est extraordinaire d’être rappelée pour intégrer le jury des entretiens d’admission, ainsi que celui du concours de fin de cycle. C’est un peu comme savourer à nouveau le bonbon que tu aimais enfant, et qui te remémore tes plus belles années ! » Même si son diplôme en business international ne lui aura pas permis d’être « plus douée que les Canadiens en anglais », l’immigration à Montréal continuera de se faire sous le slogan de la ville, « vivre et laisser vivre », et fournira l’occasion de revoir les bases à celle qui « avait du mal à rentrer dans les cases ». L’occasion de se former, et de constater qu’il est des codes auxquels chacun peut choisir de ne pas se conformer : « Encore une fois, j’ai dérivé par hasard vers le marketing et le web ; et encore une fois je me suis dit : “ je ne sais pas faire ? Eh bien, je vais apprendre ! ” »
Plus d’une décennie à affiner sa spécialisation amène à présent la directrice marketing de GO RH à développer l’image d’une firme canadienne réputée, à orchestrer les refontes de stratégie et de positionnement, à rétablir une certaine équité en participant à ce que de nombreux talents puissent se faire repérer : « Aider ces personnes qui ne savent pas trop où aller, qui ne se sentent pas bien dans leur poste, ou n’ont pas encore intégré des entreprises qui leur donnent une véritable place – ce secteur résonne forcément en moi ! » GO RH ayant « déployé ses antennes » dans la Belle Province et au-delà, un rapprochement vers leurs bureaux en France pourrait bien s’enclencher, raviver un esprit intrapreneurial voire une envie d’entreprendre. Coline le sait à ce club féministe qu’elle a fondé pour élargir ses lectures : le plus grand des obstacles reste sa propre censure. Alors, pour réveiller ses ambitions de styliste, peut-être même qu’elle laissera ressurgir à la pointe du stylet les inspirations des costumes d’une série d’animation comme Arcane, les cultures et les mouvements qu’elle a appris à identifier, ou toutes ces femmes « fortes et affirmées » qu’elle dessine. Coline sourit à l’adage qui l’a tant vue crayonner : un parcours n’a pas de mauvais sens, seulement celui qu’on veut lui donner.
Portrait écrit © Maison Trafalgar | Dessin aquarelle © Maison Trafalgar & Camille Romanetto
Mis à jour le 17 octobre 2022