Alumni Spirit | La lutte contre les discriminations comme credo

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Joseph-Olivier BILEY, alumni INSEEC

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A 54 ans, Frédéric Callens est directeur des ressources du Palais de la Porte Dorée et du Musée national de l’histoire de l’immigration. Un métier en totale adéquation avec ses valeurs. Après des études à HEIP, et quelques années en tant que journaliste, Frédéric se tourne vers les établissements publics et privés en lien avec l’immigration et la lutte contre les discriminations. Des sujets qui le portent depuis plusieurs dizaines d’années.

L’ouverture sur le monde arabe

Si ses études à HEIP remontent déjà à 30 ans, Frédéric Callens en garde toujours un excellent souvenir. D’abord orienté en commerce international, il n’apprécie pas l’aspect commercial de la formation. Il se dirige naturellement vers HEIP. L’objectif, en apprendre davantage sur la géopolitique, les questions internationales et le monde arabe.

Quand j’étais jeune, j’ai beaucoup travaillé comme animateur dans les centres de loisirs de quartiers populaires. J’ai côtoyé des publics immigrés et descendants d’immigrés, j’ai ainsi pu découvrir leurs problématiques liées au déplacement, à l’histoire coloniale, à la guerre d’Algérie… Cela a orienté mes études et le choix de mon métier”, se souvient Frédéric.

HEIP lui permet de poursuivre son engagement tout en se professionnalisant sur ces problématiques dans les relations internationales. Pour lui, la question des migrations est une thématique mondiale aujourd’hui, qui touche le monde entier, ne serait-ce qu’avec la question des réfugiés climatiques.

Mon meilleur souvenir à HEIP ? Sans aucun doute les cours délivrés par le Général Philippe Rondot sur le monde arabe. Vétéran du renseignement français, il m’a fait aimer cette partie du monde au-delà des conflits et des difficultés que nous connaissons. Les liens fusionnels entre la France et cette région du monde du fait de l’histoire coloniale rend les relations complexes, et cette complexité me stimule beaucoup. A la suite de mes études, cela m’a conduit à énormément voyager dans le monde arabe”, déclare Frédéric.

Le journalisme pour diffuser ses connaissances

Les connaissances acquises durant ses études à HEIP confèrent à Frédéric Callens la légitimité nécessaire pour devenir journaliste pigiste dans le monde arabe. Un métier qu’il avait déjà commencé à exercer pour financer ses études. Un moyen idéal de faire le lien entre les voyages et l’enseignement reçu !

Pour moi, c’était une chance de faire connaître et diffuser mes connaissances autour d’un conflit, notamment au Sahara occidental. En effet, mon mémoire de fin d’études portait sur la sédentarisation du Sahara”, explique t-il.

Toutefois, il décide d’arrêter ce travail lorsqu’il fonde une famille. Sa passion pour l’immigration et le monde arabe le conduisent naturellement à rechercher un travail dans ce domaine. Il rejoint alors, en 1994, le Fonds d’action sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles. Ses missions s’articulent autour des politiques sociales et d’intégration, avec comme but l’égalité des chances.

Cela ne l’empêche pas de continuer à écrire ponctuellement, notamment à propos du conflit entre le Maroc et l’Algérie.

La cohésion sociale comme ligne de carrière

Frédéric Callens rejoint donc le Fonds d’action sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles, qui change de multiples fois de nom avant de devenir le CGET : Commissariat général à l’égalité des territoires en 2014. Si le CGET est un organisme rattaché au Premier Ministre, les missions de Frédéric Callens sont au service des collectivités.

Il mène ainsi des actions pour favoriser l’accès au logement, à l’éducation, à l’emploi et à la culture des jeunes. Il développe des plans d’actions de lutte contre les discriminations pour les collectivités. “J’étais également en charge du champ culturel. Il existe beaucoup d’initiatives dans les quartiers populaires mais qui sont souvent financées par des crédits sociaux et peu identifiées par le Ministère de la Culture. Mon objectif était de les connecter”, raconte Frédéric.

Après toutes ces années à travailler pour des établissements publics, Frédéric Callens souhaite passer de l’autre côté du miroir, dans des fondations privées. Il rejoint alors en 2016 la Fondation Culture & Diversité, puis le Centre Français Fonds et Fondations et la Fondation Carasso, dont il est toujours membre du comité d’orientation et de suivi.

Je souhaitais voir de quelle façon les acteurs privés se mobilisent autour des mêmes questions que je traitais dans le public. Mon but était de créer des ponts entre le privé et le public. Au CGET, j’ai constaté une incapacité à se mettre en relation avec le monde des fondations alors que nous travaillions sur les mêmes enjeux. Je pense qu’il y a des choses à faire entre le public et le privé, bien que la finalité ne soit pas la même”, explique Frédéric.

Depuis 2017, Frédéric Callens est directeur des ressources au Musée national de l’histoire de l’immigration. C’est un service qui accompagne les expositions du musée grâce à une programmation culturelle, cinématographique, documentaire et scientifique. Le but est de stimuler la curiosité des visiteurs en organisant de nombreux événements. 

L’objectif général de Frédéric Callens grâce à son action est de contribuer au rayonnement du musée, qui cherche encore sa place dans le paysage muséal français. En effet, le Musée national de l’histoire de l’immigration est davantage vu comme politique que culturel.

Réfléchir aux questions d’immigration sans militantisme

D’ailleurs, sur la question politique, Frédéric Callens a un avis tranché. Du fait de son travail pour les pouvoirs publics durant de nombreuses années, il est très vigilant sur le fait de rester neutre. Travailler sur le sujet de l’immigration et de la lutte contre les discriminations demande toutefois un engagement très fort. Dans le débat public, les questions sont brûlantes.

Il est parfois difficile de garder de la distance, admet Frédéric. C’est aussi pour cette raison que je préfère travailler dans un musée et pas dans un think tank. Le musée tient à distance les sujets difficiles. Il les travaille en profondeur. L’enjeu est de donner à voir les différents points de vue qui s’affrontent. Sans partie prenante. Il ne faut pas basculer dans une approche militante”.

Le musée tient à distance les sujets difficiles. Il les travaille en profondeur. L’enjeu est de donner à voir les différents points de vue qui s’affrontent, sans partie prenante.

Frédéric CALLENS

ALUMNI HEIP

Mis à jour le 13 février 2023