portrait
Gabriela Rebolledo, amoureuse de la mode et du luxe, possède un parcours qui traverse les continents. Originaire du Venezuela, formée à New York, Gabriela s’est réinventée en Suisse, un pays florissant dans le luxe, et notamment l’horlogerie. Son histoire est celle d’une adaptation audacieuse, de ses débuts chez Salvatore Ferragamo à New York à son évolution chez Tag Heuer en Suisse. Gabriela incarne l’ambition, la persévérance et la créativité dans le monde exigeant du luxe.
La Suisse, berceau du luxe
Passionnée de mode, Gabriela Rebolledo a dû réorienter sa trajectoire professionnelle en posant ses valises en Suisse en 2014. Après un bachelor en communication et médias obtenu au Venezuela, puis une spécialisation quelques années plus tard en marketing de la mode à la prestigieuse Parsons School of Design de New-York, la jeune femme traverse le monde jusqu’en Suisse, son nouveau terrain de jeu.
“Le secteur de la mode n’était malheureusement pas très développé en Suisse, confie Gabriela. A l’origine, je voulais faire carrière dans le marketing de la mode. A New-York, j’ai travaillé chez Salvatore Ferragamo, avant de déménager près de la Suisse pour des raisons personnelles.”
En revanche, l’industrie du luxe y est prospère, et plus particulièrement l’horlogerie. Si ce secteur est moins dynamique que celui de la mode, qui change à chaque saison, il possède ses propres codes qui attirent également Gabriela.
Un tremplin vers l’excellence
Fraîchement arrivée en Suisse, Gabriela s’interroge sur son avenir. Même si elle a déjà de l’expérience dans la communication et dans le marketing de la mode, elle n’a pas de permis de travail, ce qui l’empêche d’obtenir un emploi. Elle opte alors pour le freelancing et se concentre sur des missions en RH et en communication.
Plusieurs RH lui recommandent de suivre une formation en Suisse pour consolider son CV et le rendre plus attractif, mais aussi pour développer son réseau dans ce nouveau pays. C’est ainsi qu’elle jette son dévolu sur l’école CREA, à Genève, et son programme de marketing du luxe.
“En plus du networking très intéressant, j’ai beaucoup aimé le grand nombre de projets, raconte Gabriela. Je me souviens avoir adoré un projet mené pour Jitensha, une start-up qui produit des vélos haut-de-gamme personnalisables. Mes études m’ont également conduite à Paris, Monaco et Milan, au cœur de l’industrie du luxe, idéal pour se familiariser avec ce milieu”.
Premiers pas chez Richemont
Afin de valider ses 2 ans de master chez CREA, l’étudiante effectue un stage de fin d’année. Au vu du nombre d’opportunités dans le domaine de l’horlogerie, elle tente sa chance dans ce secteur. Elle devient alors assistante en communication et marketing chez Richemont, et contribue au lancement des montres Baume (aujourd’hui Baume & Mercier).
“Baume est une marque horlogère qui conçoit des montres avec des matériaux écologiques. C’était une marque 100% digitale, sans point de vente physique. Un configurateur 3D permettait de personnaliser sa montre en choisissant le cadran, le bracelet… C’était un stage très formateur”, se souvient Gabriela.
Au vu de son expérience précédemment acquise, l’entreprise lui confie un certain nombre de tâches. Baume étant une nouvelle marque, tout est à construire. Elle gère à la fois la communication, le customer journey, le CRM, l’éditorial, l’événementiel… Mais tout ce travail ne fait pas peur à Gabriela, au contraire ! En septembre 2018, elle obtient son diplôme et se met en quête d’un emploi salarié en Suisse.
L’ascension chez Tag Heuer
Son premier emploi lui est proposé par la célèbre marque de montres de luxe Tag Heuer. Elle est embauchée comme CRM Campaign Manager, un domaine qu’elle maîtrise bien après l’avoir pratiqué chez Baume.
“Je suis arrivée à un moment clé pour la marque : sa transformation digitale ! Tout était à construire. Il n’y avait pas de cohérence visuelle entre les différents marchés, seulement 2 newsletters étaient envoyées par an… J’ai réalisé un énorme travail de centralisation”, raconte Gabriela.
Elle construit des process pour gérer la communication globale et les communications locales de la marque. Elle s’occupe également du développement du programme transactionnel, qui se limitait à un mail de confirmation de commande. Elle met en place d’autres notifications automatiques, y compris après la réception de la commande par le client, pour lui apprendre à prendre soin de sa montre ou la programmer.
Après 2 ans et demi, Gabriela demande à rejoindre le service e-commerce, un sujet qui l’intéresse de plus en plus. En effet, en parallèle de son emploi chez Tag Heuer, elle développe sa propre boutique e-commerce de produits éthiques : Greena.
Elle s’épanouit dans son nouveau rôle de chef de projet e-commerce. Au cœur des stratégies de l’entreprise, elle travaille en collaboration avec de nombreux autres départements : marketing, informatique, finances, juridique… Elle lance de nombreux projets, comme une notification pour chaque panier abandonné, le paiement en plusieurs fois ou la gravure sur montre sur les marchés US, UK et Japon.
Management agile
En plus de son poste de chef de projet e-commerce, sur lequel elle est depuis près de 3 ans, Gabriela obtient un nouveau rôle de product owner :
“Cela fait plusieurs années que Tag Heuer a adopté la méthode Agile. Le but est de lancer des projets plus facilement, en MVP, puis de les améliorer au fur et à mesure grâce à des sprints de 2 semaines. La marque dispose de différentes features teams, pour répondre aux besoins des départements. J’occupe le poste de product Owner dans la feature team e-commerce. Mon rôle est d’accompagner cette feature team pour m’assurer qu’ils ont le temps nécessaire pour travailler sur les priorités définies en communiquant la vision, la roadmap et les objectifs business”.
Le luxe de demain
Bien que le monde du luxe n’avance pas aussi vite que celui de la mode, il évolue également. D’après Gabriela, deux éléments vont se distinguer dans les années à venir : la personnalisation et l’omnicanalité.
La nouvelle génération est prête à mettre le prix, mais pour un produit unique, créé sur-mesure pour eux. Ils veulent de l’ultra-personnalisation, qui peut passer par de la gravure comme Tag Heuer le propose, mais également par le choix des matériaux et des couleurs ou la création de son propre bracelet.
La mise en place d’une stratégie omnicanale dans le secteur de l’horlogerie est également très importante. Les clients désirent une expérience excellente partout, en physique comme en e-commerce.
“Nous travaillons beaucoup sur ce sujet, explique Gabriela. Par exemple, j’ai récemment lancé le projet Stock Visibility. Le client peut consulter le site e-commerce et vérifier la disponibilité des produits dans les boutiques près de chez lui. C’est important car le client voudra peut-être aller voir le produit en boutique, ou peut-être qu’il n’est pas à l’aise à l’idée de payer une somme importante sur le web”.
“Confrontez-vous au luxe”
Si Gabriela devait donner un conseil aux étudiants en marketing du luxe, ce serait de réaliser des stages le plus tôt possible. Même si les études sont importantes, se confronter à l’industrie du luxe permet d’apprendre beaucoup plus vite. Travailler en même temps, comme elle, peut également être intéressant à condition de bien savoir gérer son temps.
Enfin, la compétence essentielle selon elle pour réussir dans le domaine du luxe est de bien comprendre les parcours clients et ce, peu importe le produit. Il faut être sensible aux besoins des clients pour fournir une expérience de haute qualité.
En plus du networking très intéressant, j’ai beaucoup aimé le grand nombre de projets, raconte Gabriela.
Gabriela Rebolledo
Alumna CREA