portrait
Thi Thom Pham a vécu en Thaïlande jusqu’à l’âge de 4 ans, avant que ses parents ne viennent s’installer en France. En 2015, suite à une opportunité professionnelle, la jeune femme déménage à Bangkok. Aujourd’hui, elle est directrice marketing au sein du groupe Ascend Commerce, où elle pilote les aspects marketing des sociétés EGG Digital, Pantavanij et WeOmni.
La passion du langage
Une fois son baccalauréat littéraire en poche, Thi Thom poursuit des études de langues étrangères appliquées (LEA) en anglais et allemand. Après la maîtrise, elle intègre un master en communication à l’INSEEC, et se spécialise dans la communication corporate et la publicité. Pour autant, sa passion pour la littérature ne la quitte pas, et elle continue de dévorer des romans, notamment ceux à caractère historique. Un goût qu’elle parvient à transmettre à ses enfants puisque son fils, âgé de 14 ans, n’a pas de téléphone avec accès à internet, mais profite d’une liseuse pour les trajets en transports en commun.
« Lire des romans est une manière agréable d’acquérir de nouvelles connaissances sans même s’en rendre compte », constate-t-elle.
Thi Thom est la première de sa famille à s’orienter vers des études de lettres, ses frères ayant plutôt opté pour des études d’ingénieur. Inscrite aux prémices de la filière communication à l’INSEEC, elle souligne le caractère professionnalisant de cette formation :
« Les enseignants sont des experts de leur domaine, ils partagent leur expérience et nous confrontent à des cas concrets. J’ai adoré l’ambiance école, loin de l’anonymat de l’université », précise-t-elle.
La jeune femme garde un excellent souvenir de son passage à l’INSEEC, à tel point qu’elle a pris l’initiative de contacter le réseau Alumni pour partager son expérience avec les étudiants actuels.
« J’avais envie de transmettre aux étudiants d’aujourd’hui ce que j’aurais aimé qu’on me dise à l’époque », révèle-t-elle.
Marketing de la performance
Issue d’un milieu populaire, Thi Thom a laissé son cœur guider ses choix d’études supérieures, sans avoir une vision précise de sa future carrière :
« Pour mes parents, si je travaillais dans un bureau, c’est que j’avais réussi. Au départ, je pensais que j’allais faire des relations presse ou de l’événementiel. Mais après l’INSEEC, j’ai décroché un stage au sein d’une plateforme d’affiliation », explique-t-elle.
Lorsqu’elle arrive chez Affilinet en 2006, son principal défi est de faire de la publicité sur internet et de mesurer son efficacité. La jeune femme se découvre un côté très scientifique, finalement.
« Il y a un aspect tracking, très technique, et aussi un côté mathématique important : quel investissement pour quel chiffre d’affaires, etc. », constate-t-elle.
En 2008, Thi Thom est recrutée par Mistergooddeal. Suite à l’intégration de la marque au groupe M6, ses responsabilités s’étendent avec M6 Boutique et Popgom. En plus de la gestion des programmes d’affiliation de chaque entité, elle supervise le pôle acquisition internet.
Puis elle rejoint Aramisauto en 2012, une entreprise fondée par 2 jeunes diplômés d’école de commerce qui ont l’idée de vendre des voitures d’occasion en ligne. En tant que responsable du pôle acquisition, la jeune femme est chargée de générer des prospects de qualité pour les agences physiques.
« Ce qui me plait, c’est le fait de prouver ce qu’on est en train de faire, grâce à la magie de la donnée. Les résultats sont plus tangibles que si on placarde une campagne de pub dans la rue », note-t-elle.
Au pays du sourire
En 2015, une opportunité se présente chez CDiscount en Thaïlande. Bien loin du rêve de l’expatrié tous frais payés : elle doit se débrouiller seule pour opérer ce grand changement de vie. Une discussion avec son mari s’impose avant de prendre une décision, d’autant plus qu’elle vient de donner naissance à leur 2ème enfant.
« Et si nous décidions de ne pas y aller, ne regretterions-nous pas toute notre vie de ne pas avoir tenté l’aventure ? En termes d’expériences, nous n’avions rien à perdre, simplement découvrir une nouvelle manière de travailler. Nous avons mis 6 mois à nous décider car, en partant, je perdais 50% de mon salaire et mon mari n’avait pas de travail à notre arrivée », se souvient-elle.
Ils sautent le pas, et se donnent un an. Rapidement, Thi Thom est contactée par un cabinet de recrutement à la recherche d’un profil pour le groupe CP, un des plus gros groupes thaïlandais qui a démarré dans l’agroalimentaire, et s’est diversifié dans le commerce de détail et les télécommunications.
La jeune femme commence alors en tant que directrice marketing au sein de la partie e-commerce d’Ascend Corporation, l’une des filiales, puis développe l’entité FinTech sur 6 pays avec TrueMoney. Au bout de 5 ans, il détient 16 millions d’utilisateurs et devient le premier portefeuille électronique de Thaïlande.
« Après quelques années à vivre comme si nous allions bientôt repartir, nous avons décidé de rester en Thaïlande. Si l’un d’entre nous souhaite retourner en France, on ne se pose pas de questions et on part. Mais j’ai quand même suggéré à mon mari l’idée d’acheter un four », plaisante-t-elle.
Bien qu’elle apprécie avoir les mains dans le cambouis, le rôle de Thi Thom est aujourd’hui constitué à 80% de management. D’ailleurs, elle ne souhaite pas que l’on se souvienne d’elle comme la personne qui a lancé telle ou telle campagne, mais plutôt comme la personne qui a permis d’avancer sur un sujet : « J’ai envie d’aider les gens, de les inspirer ».
Un nouveau rôle qui a permis à celle qui se considère comme autoritaire de réviser sa manière de travailler :
« En France, on a la sensation que c’est celui qui parle avec véhémence qui l’emporte lors d’une discussion. En Thaïlande, au contraire, c’est celui qui hausse le ton qui a perdu car il a montré une mauvaise manière de communiquer », explique-t-elle.
L’importance de la créativité
Lorsqu’elle n’est pas en train de jongler avec les données et de dompter l’IA pour tout ce qui a trait à la prédiction, Thi Thom consacre son temps libre à un projet familial, aux côtés de ses enfants et de son mari designer graphique. Ensemble, ils créent des parodies de dessins animés pour leur chaîne Youtube Supertoonico.
« Nous voulions initier nos enfants de manière ludique aux rouages d’internet, et leur montrer comment mener un projet de A à Z. L’influence peut être un métier, mais il faut travailler dur pour être performant », affirme-t-elle.
Ce projet fait écho à sa philosophie en matière de carrière professionnelle : « Il faut trouver quelque chose qui nous amuse, car si l’on n’apprécie pas ce que l’on fait, cela peut vite devenir un enfer ! »
Enfin, si elle devait donner un conseil aux futurs étudiants, ce serait de faire preuve de bienveillance envers les autres, mais également envers soi-même : « Entraidez-vous et encouragez-vous dans les moments difficiles ! »
« Il faut trouver quelque chose qui nous amuse, car si l’on n’apprécie pas ce que l’on fait, cela peut vite devenir un enfer ! »
Thi Thom PHAM
Alumna INSEEC