portrait
Très tôt dans sa carrière, Frédéric Rombaut a pris la décision de consacrer sa vie à “construire un monde connecté”. Entrepreneur, investisseur, administrateur d’entreprises, sa passion a toujours tourné autour des réseaux de télécommunications et des technologies avancées.
Devenir ingénieur
A 17 ans, le rêve de Frédéric Rombaut était de devenir ingénieur du son. Passionné de musique et de radio, il avait d’ailleurs créé sa propre radio libre alors qu’il n’était qu’au lycée.
“Pour savoir quel chemin prendre, j’ai rencontré un ingénieur du son de France Musique. Il m’a fait visiter son studio cabine et l’auditorium de Radio France. Il m’a conseillé d’étudier d’abord l’électronique avant l’acoustique pour avoir de bonnes bases. Quelques jours plus tard, un ingénieur électronicien m’a chaudement recommandé l’École Centrale d’Électronique”, se souvient t-il.
C’est ainsi que Frédéric Rombaut sortira diplômé de l’ECE en 1988. L’école d’ingénieurs lui ouvre le champ des sciences électroniques et de l’informatique. “Je me suis rendu compte que ce qui me motivait était l’innovation technologique”, explique t-il.
Créer la première Junior Entreprise
Forts d’une fibre entrepreneuriale, Frédéric Rombaut et ses camarades de promotion fondent la première Junior Entreprise de l’ECE : Hi-Tech, aujourd’hui nommée JEECE.
“Notre objectif était de créer des opportunités pour les étudiants, de mettre leurs compétences au profit d’entreprises. Pour communiquer sur la Junior Entreprise, j’ai créé une revue dans laquelle nous avons décrit nos projets, nos compétences, etc. Rapidement, ce sont les entreprises qui nous ont appelé !”, raconte Frédéric.
Débuter sa carrière avec panache
En quittant l’ECE, Frédéric Rombaut a le choix entre France Télécom et IB2 Technologies, la nouvelle startup d’IBM / Bouygues, précurseur du smart building. C’est cette dernière qu’il choisit, préférant déjà le challenge à la sécurité de l’emploi.
L’équipe de 5 personnes se développe très vite jusqu’à 60 personnes et son chiffre d’affaires explose.
“A l’époque, on me disait que la domotique même appliquée aux entreprises était trop en avance sur son temps. Aujourd’hui, les projets de smart cities se développent dans le monde entier. J’avais déjà de l’ambition et le goût de l’audace. Ce fut un formidable tremplin pour rejoindre le groupe Bouygues”, raconte Frédéric.
Lancer Bouygues Telecom
Après cette expérience réussie chez IB2 Technologies, le groupe Bouygues choisit Frédéric Rombaut pour développer le groupe dans les réseaux de télécommunications ouverts au public. Plusieurs projets sont étudiés : la radiotéléphonie numérique, les réseaux satellites, les pagers numériques… Mais surtout la troisième licence de téléphonie mobile, qui donnera naissance à Bouygues Telecom dont Frédéric Rombaut est le cofondateur.
En 1996, l’objectif de Bouygues Telecom était de démocratiser la téléphonie mobile en France. La société invente le forfait de téléphonie mobile qui va la rendre accessible à tous.
Frédéric Rombaut prend la tête de divers projets : la messagerie vocale où il innove avec la synthèse vocale naturelle semi-synthétique par diphones, les SMS centers où il fait un pari sur l’avènement des textos, le lancement du département R&D où il se montre pionnier de l’Open innovation, etc.
“Durant mes années chez Bouygues, j’ai complété ma formation par un MBA en Administration des Entreprises et en Finance. J’avais le pressentiment que l’innovation technologique allait s’accélérer, tout comme la financiarisation de l’économie. Je voulais me lancer dans le financement de l’innovation et prendre une dimension internationale”, affirme Frédéric.
Accompagner et financer les entreprises
A partir de 1998, Frédéric Rombaut rejoint Apax Partners, un fonds de private equity avec une forte culture entrepreneuriale, en tant que Directeur des investissements en charge du secteur des télécom, des média et des technologies. Durant plus de 6 ans, il accompagne les pionniers de la déréglementation des télécommunications, de l’internet, du cloud computing, de l’internet mobile, de la télévision numérique, etc.
“Cette expérience m’a permis de découvrir le Venture Capital au moment même où l’internet décollait en France. J’étais très présent dans la gouvernance des entreprises, impliqué dans la stratégie de croissance, le financement, le choix des dirigeants…”, explique t-il.
En 2005, il rejoint le groupe Qualcomm, leader mondial de la 5G, pour diriger la stratégie d’investissement en Europe. Il y crée Qualcomm Ventures Europe, un fonds de 500 millions de dollars destiné à investir dans l’écosystème du 3G. Il y financera des algorithmes de radiocommunication, les premières applications mobiles de l’Appstore, les pionniers du Self-Optimising Network, des femtocells, du wireless charging, etc.
En 2012, il est appelé par le géant Cisco, où il convaincra le CEO John Chambers de s’engager à investir 3 milliards dans la Deeptech européenne.
“Cisco avait délaissé depuis 10 ans l’Europe au profit des États-Unis et de la Chine. J’ai réussi à les convaincre qu’une renaissance de l’écosystème d’innovation se préparait en Europe. Nous avons investi dans la cybersécurité, la 4G, l’IoT, le Cloud RAN, l’open source et le SaaS ainsi que dans les meilleurs fonds de venture capital européens”, recense t-il.
En 2016, Frédéric Rombaut participe à la création de Seraphim Space Fund, le premier fonds d’investissement dédié à la SpaceTech dans le monde.
“Jusqu’à présent, la SpaceTech était réservée à la NASA et à quelques grandes entreprises comme Airbus, Thalès, ou Arianespace. Ce secteur s’ouvre désormais à tous les entrepreneurs. Un nouvel écosystème est en train de naître : satellites, fusées, drones, matériaux, logiciels, services, etc. C’est ce qu’on appelle le New Space”, déclare t-il.
Aujourd’hui, Frédéric Rombaut dirige les investissements directs du fonds souverain des Émirats Arabes Unis : Emirates Investment Authority. A la différence d’un grand groupe industriel ou d’un fonds de Private Equity, l’objectif principal est de diversifier l’économie du pays au-delà du pétrole, en investissant à long terme dans les secteurs du futur. Ses 25 ans d’expérience lui permettent de choisir avec précision les secteurs et les entreprises qui vont performer d’ici plusieurs années.
Choisir les bons secteurs
Investisseur hors pair, il est impossible de ne pas demander à Frédéric Rombaut son avis sur les secteurs technologiques en expansion.
“Je suis à l’affût de l’innovation dans tous les secteurs, et je m’intéresse en particulier à la DeepTech et à la transformation digitale et environnementale. Ces domaines sont d’ailleurs très bien représentés par les majeures de l’ECE : cybersécurité, IA et Data analytics, robotique, IoT (objets connectés), véhicules autonomes, efficacité énergétique, fintech… Auxquelles s’ajouteront probablement dans le futur les SpaceTech, les DefTech, les nouvelles énergies et les technologies NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives).”
Participer au développement de la France
Expatrié depuis plus de 20 ans, Frédéric Rombaut reste très attaché à son pays. “Je me considère comme un ambassadeur de la France”, déclare t-il.
Frédéric Rombaut fait partie des Conseillers du Commerce extérieur de la France, des experts qui mettent à profit, de façon bénévole, leur expérience au service du développement international de la France.
“Concrètement, nous sommes investis de 4 missions, explique t-il. Nous transmettons nos analyses et nos recommandations aux pouvoirs publics en matière de politique de commerce international. Nous accompagnons les entreprises françaises dans leur développement à l’international. Nous accompagnons des jeunes dans leur parcours international. Enfin, nous valorisons les atouts de la France auprès de notre pays d’implantation. Pour moi, le principal atout de la France est la qualité de nos ingénieurs que tous les pays nous envient”.
Pour savoir quel chemin prendre, j’ai rencontré un ingénieur du son de France Musique. Il m’a fait visiter son studio cabine et l’auditorium de Radio France. Il m’a conseillé d’étudier d’abord l’électronique avant l’acoustique pour avoir de bonnes bases. Quelques jours plus tard, un ingénieur électronicien m’a chaudement recommandé l’École Centrale d’Électronique.
Frédéric ROMBAUT
ALUMNI ECE