portrait
Quand il ne saute pas en parachute d’un avion, il rêve d’être encore plus haut dans le ciel. Mais Ugo Ikpeazu ne construit pas de moteurs de fusée. Il s’évertue plutôt à construire un monde où la technologie est au service de l’humanité. Il rêve à de nouveaux systèmes pour un contrat social numérique qui monétise notre ressource la plus précieuse, le temps, afin d’affranchir l’humanité de ses ennuyeuses journées “métro, boulot, dodo”, et de libérer leur créativité pour faire avancer la science, la médecine et l’art. Son livre, intitulé “Philosophie des monnaies numériques”, expose sa vision de ce futur.
La pratique au-dessus de la théorie
Après être passé par des écoles publiques, Ugo Ikpeazu fait le choix de rejoindre l’EU Business School en 2013, où il suit un BA en relations internationales. Il préfère alors privilégier la pratique à l’enseignement purement théorique.
En plus de l’avantage de la petite promotion, l’EUBS peut également se targuer d’accueillir des maîtres de conférences leaders dans leurs domaines, avec une véritable expertise. Cette formation pratique sera la marque de fabrique de l’éducation d’Ugo pendant les huit années suivantes.
Prendre soin de son éducation
Pour celui qui rêve de visiter tous les pays de la planète, les relations internationales étaient un point de départ logique. Le premier avantage, selon Ugo, était l’orientation commerciale de la formation, axée sur la géopolitique et les liens avec le commerce et les affaires internationales.
En 2015, son diplôme en poche, Ugo débute un MBA en leadership, toujours à l’EUBS. Cela lui permet d’explorer le rôle d’un leader pour stimuler l’innovation et la croissance dans un environnement commercial en évolution.
Ugo s’inscrit ensuite à l’Université de Roehampton, à Londres, où il obtient un MSc en management international. Alors que le MBA lui avait appris à assembler de nombreux concepts différents, le MSc lui fournit les outils concrets dont il avait besoin.
“À cette époque, je menais une recherche pour une organisation dans 5 pays, j’ai donc pu utiliser certaines des choses que j’apprenais et les appliquer directement au travail que je faisais”, explique Ugo.
Connaissances pratiques, expérience pratique
En 2018, Ugo poursuit ses études à l’EU Business School, pour préparer un doctorat en administration des affaires. Tout en développant la base théorique de son doctorat, sur l’évolution du contrat social, il acquiert également une expérience professionnelle significative à l’international.
Il travaille avec l’EUBS pour organiser une conférence en 2018, sur l’utilisation de partenariats publics et privés pour dégager une nouvelle valeur. Parallèlement, il travaille avec Gavi, basé à Genève, pour accroître l’engagement au sein du secteur privé pour les organisations internationales, en établissant des partenariats pour combler les lacunes des systèmes de santé.
Pendant cinq ans, cinq mois et cinq jours, Ugo continue de travailler avec Gavi pour favoriser les partenariats avec des leaders de l’industrie à travers le continent africain et dans certaines parties du Moyen-Orient.
Il a également aidé ONResearch, l’institut de recherche de l’EU Business School, à définir des stratégies de recherche, à mener des analyses sur des sujets industriels et à organiser des forums et une série d’entretiens avec des chefs d’entreprise du monde entier sur des questions contemporaines.
Naissance d’une idée
Depuis 2015, Ugo avait l’idée de créer un programme de récompenses de voyage qui serait basé sur le temps plutôt que sur la distance. Au fur et à mesure de ses études, il a commencé à réfléchir à un futur «contrat social numérique» et à des monnaies numériques.
Alors qu’il travaillait sur sa thèse de doctorat, il s’est rendu compte que ces idées pourraient fonctionner ensemble, afin de créer un nouveau système qui améliorerait la vie des gens dans le monde entier et en particulier dans les pays en développement.
“Ce fut l’une des années les plus excitantes et intellectuellement stimulantes à ce jour.”
Philosophie des monnaies numériques
L’une des idées fondamentales qui sous-tend son livre, “Philosophie des monnaies numériques“, est l’idée de monétiser le temps.
Il explique : “Si le temps est la chose la plus précieuse que nous ayons, alors pourquoi ne pas en faire une monnaie… C’est là que mes deux idées se sont réunies, un contrat social numérique basé sur une monnaie numérique qui est la chose la plus précieuse à laquelle nous ayons tous accès : le temps”.
Par exemple, prenez le nettoyage d’une partie de rue. La communauté convient que ce travail est précieux, mais personne n’est nécessairement prêt à payer pour la faire nettoyer. En exploitant l’analyse de la big data, l’IA et la blockchain, des calculs en temps réel peuvent être exécutés pour lier chaque unité de temps spécifique consacrée à la création de valeur à une monnaie numérique. La personne qui effectue le nettoyage sera récompensée dans une monnaie numérique qui pourra ensuite être utilisée pour effectuer des transactions.
“Je propose un modèle similaire à l’étalon-or, où chaque unité monétaire est liée à une unité de valeur créée dans une économie.”
De l’argent, sous n’importe quel nom
Selon Ugo, l’argent est trois choses : une réserve de valeur, un moyen d’échange et une unité de compte. Tout ce qui sert de réserve de valeur et de moyen d’échange peut servir de monnaie. “À différents moments de l’histoire, c’était les tulipes, la folie des tulipes aux Pays-Bas, les peaux de vache à un moment donné en Chine, les plaques de métal… L’argent est tout ce dont un groupe de personnes peut convenir qu’il a ces caractéristiques et qu’il est prêt à utiliser pour échanger de la valeur“.
De nos jours, les cryptomonnaies ressemblent beaucoup à de la monnaie fiduciaire ; elles ne sont liées à aucune marchandise. Leurs grands avantages sont qu’elles sont décentralisées, mieux protégées et elles offrent de la confidentialité aux utilisateurs. Elles fournissent une nouvelle perspective sur ce qu’est et peut être l’argent, mais elles ne redéfinissent pas ce qu’est l’argent en soi.
Cryptomonnaies ou monnaies numériques ?
Ugo n’est pas convaincu que les cryptomonnaies joueront un rôle majeur dans les pays en voie de développement. Elles nécessitent que l’infrastructure et les systèmes de tarification soient déjà en place, afin de permettre le transfert de valeur entre pairs. Dans les endroits où les infrastructures font défaut ou dans les économies à faible revenus, il existe un risque que les individus soient aliénés par les cryptomonnaies ou soient victimes d’acteurs malveillants.
Il suggère qu’un certain niveau de réglementation est encore nécessaire. Les monnaies numériques qui ne sont pas entièrement décentralisées, cryptographiques ou gérées par la communauté conviendraient mieux aux économies à faible revenu et en développement. Elles fournissent un certain transfert de valeur d’égal à égal, tout en permettant la centralisation nécessaire pour renforcer l’écosystème.
“Je pense que la technologie doit être utilisée pour améliorer l’état du monde… C’est le grand bénéfice des monnaies numériques, cela peut créer un niveau d’autonomisation financière qui permet aux gens d’améliorer leurs conditions de vie en ayant simplement accès à un appareil mobile.“
Construire un meilleur avenir
Pour Ugo, la possibilité de gagner sa vie en créant de la valeur en dehors des systèmes habituels est un énorme avantage. “Nous aurions plus de personnes qui consacreraient du temps à l’art et à la créativité. Nous aurions plus de gens qui appliqueraient leur créativité à la science”.
Il pense que si la science avançait un peu plus vite, cela ferait de nous une espèce multiplanétaire beaucoup plus tôt. Et, en tant que fondateur de la galerie d’art virtuel Ferrum, il ne nie pas non plus les bienfaits de l’art.
Un bénéfice pour les étudiants
Ugo Ikpeazu donnera des conférences dans les écoles d’Omnes Éducation sur ce sujet. Il pense que les étudiants pourraient bénéficier de son livre “Philosophie d’une monnaie numérique” de deux manières. Ils pourraient être attirés par l’idée du temps comme monnaie, ou bénéficier de ses recherches et de son approche.
Le livre couvre la théorie politique et économique ainsi que les objectifs de développement durable et la recherche sur le terrain dans le monde réel. Il espère que cela mettra en lumière l’importance de la recherche interdisciplinaire. “Je pense qu’il y a une forte pression pour se spécialiser dans une chose en particulier, ce qui est formidable, mais si tout le monde se spécialise dans une chose en particulier, qui va rassembler les différents silos et les différentes idées ?”.
Son conseil ? “Ne fuyez pas les sujets difficiles et stimulants… Et trouvez un mentor dès le début.“
Ugo IKPEAZU
ALUMNI EUBS